lundi 15 avril 2013

Les enfants jouent de nouveau

C'est un amas de poussière, une congestion grise et résiduelle. Cela menace de s'envenimer. On s'inquiète, s'exaspère. On mobilise et balaie enfin. On défait les corps, dénoue les solidarités, et disperse au loin. Les unités éparses ne se remarquent plus, on dit que c'est tout propre. Mais les vents mauvais rassemblent les débris, et recomposent enfin. Ce ne fut qu'un coup, un coup pour rien : l'effet plumeau, avec retour à l'envoyeur. On s'exaspère de nouveau.

C'est une aventure humaine, des vies, de la joie et des rêves. Cela vibre de mille promesses. On se prend le coup dans le ventre, se retrouve esseulé dans un hôtel miteux flanqué aux confins de la région, à des dizaines de kilomètres des écoles, prostré sur le lit d'une chambre autour duquel s'affolent les enfants, sans possibilité de cuisiner, contraint de se nourrir de sandwichs trop chers rapportés du centre commercial situé à des kilomètres de là. On nous dit que c'est pour notre bien. On n'y comprend rien. On se retrouve enfin, parmi les amis, les voisins, les cousins, rassemblés dans une nouvelle lisière, à deux pas des écoles. Ce fut un coup dur, un énième encaissé. Qu'on essaie d'oublier : les enfants jouent de nouveau.








Cartographies : Ruben Salvador



3 commentaires:

  1. très jolies ces cartes on dirait qu'elles sont sorties d'un institut militaire de contrôle des populations, bon boulot les gars !

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  2. Je vois que la police veille...

    Pour notre défense :

    1. Vous aurez remarqué que nous n'indiquons pas les identités, dates de naissance et situations administratives des personnes concernées sur ces cartes là. Des point et des chiffres, c'est tout ce que vous avez à vous mettre sous votre dent inspectrice. Vous me direz qu'avec les numéros vous pourriez "tracer" les populations qui sont en quelques sortes "cadastrées" dans la première carte du bidonville. Je vous répondrais alors que les bataillons de CRS qui font des contrôles d'identité dans le bidonvilles ne considèrent tellement pas ceci comme des habitations qu'ils n'ont pas ces informations de qui habite où : tout le monde est "invité" à sortir des baraques, et ainsi "rassemblées" en amas humain, les personnes sont contrôlées comme des cas, non comme des habitants.

    2. Ces cartes sont des relevés de placements effectués par le 115, et donc les services de l'Etat. Autrement dit ces éléments sont en quelques sortes extorqués aux organismes de contrôle davantage que dévoilés à ceux-ci. Ceci a notamment pour intérêt de suivre combien ces services de placement oeuvrent à l'envers de tout ce qui pourrait faciliter la vie des familles : dispersées, esseulées, elles pourraient alors avoir pour "désir" de fuir pour de bon, ce qui pourrait arranger les services en question. Bref, ce sont des cartes qui essaient de rendre compte d'une déroute qui est celle de ces services, et qui est la nôtre également, cette déroute collective contre laquelle nous essayons d'oeuvrer.

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  3. je crois qu'il y aucune police derrière le premier commentaire, bien au contraire, c'était juste une critique de la méthode utilisée pour "raconter" une situation, et cette méthode et son langage sont exactement le même du contrôle de l'Etat, de la police, des socio-statisticiens et autres techniciens de l'humanité.

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