mardi 11 décembre 2012

Dragomir

Aujourd'hui est publié sur le site de Rue89 un portrait réalisé par la journaliste Camille Polloni pendant le défilé raconté dans le billet précédent. lire le portrait. C'est Dragomir qui est dessiné là, sous l'angle de son économie plus particulièrement.

A partir de ce que raconte l'économie, mille questions à entreprendre, mille explorations des liens occultes entre l'ici et l'ailleurs, entre le bidonville et la ville alentour :
- la ferraille, son parcours, les intermédiaires multiples tout à fait légaux, les fours à mi-chemin (Florange par exemple...), la destination finale, et peut-être un morceau récupéré par Dragomir qui se retrouve aujourd'hui-même dans la carrosserie de la voiture de fonction du Ministre de l'Intérieur ;
- les journaux pour sans-abri, de Sans-Abri à l'Itinérant en passant par Macadam, les groupes qui les éditent et en tirent un profit certain, les raisons pour lesquelles ils demeurent d'une qualité si lamentable ;
- la récupération, vantée comme principe fondateur du monde de demain, si systématiquement mise en oeuvre par les occupants du bidonville, ou comment à partir de nos merdes produire de l'or, ou ce que nous ne supportons pas de découvrir dans ces bas-fonds là ? ;
- les innombrables aberrations de la situation : l'électricité qui jusqu'à il y a peu coûtait par famille l'équivalent de ce que coûte un loyer dans le logement social ; ce que coûte au contribuable ce bourbier, les interventions à grands fracas, la pelleteuse rutilante, le charter régulier, les hôtels sociaux aux coûts astronomiques pour quelques semaines, les urgences où l'on se rend pour des petites maladies faute de docteur, pompier daignant se déplacer, ou couverture maladie, ad libitum.

Et le prolongement de l'enquête qui s'impose au nez et à la barbe de ceux qui répètent, en singeant la raison et le bon sens, que nous ne pouvons accueillir toute la misère du monde : un porte-monnaie de l'Etat xénophobe pourrait être passé au crible, montrant qu'un Etat hospitalier aurait sans doute des bourses mieux remplies. Quoique, pourrait-on objecter, ces indésirables rapportent aussi, y compris au contribuable grâce notamment au travail assidu des forces de l'ordre distribuant sans compter des PV pour "pneus lisse sur vélo", ou "freins défaillants", comme l'explicitaient deux articles publiés dans Médiapart il y a quelques semaines, deux articles portant précisément sur la situation de Ris-Orangis. Le premier sur le harcèlement policier précisément. Lire ici. Le second sur l'ambiance générale à Ris-Orangis. Lire ici. L'économie est une clé sans aucun doute, mais elle reste une question si peu explorée, si peu travaillée, et c'est une des tâches du PEROU que d'entreprendre cette enquête à partir de là, de ce bourbier lié à notre monde, au point d'en être peut-être la représentation la plus exacte.


Dragomir. Photo : Serge Guichard



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