Selon les chiffres du Conseil de l'Europe, 500 000 Roms vivent sur le territoire français. Selon les chiffres des préfectures réunies, 17 000 personnes vivent dans des bidonvilles en France. Selon les constats que nous faisons au quotidien, des personnes non Rom vivent dans les bidonvilles de France. Selon les constats que nous faisons au quotidien, ce sont ces 17 000 personnes qui sont quotidiennement visées par paroles et actes de violence contraires aux principes de la République comme de l'Union Européenne, et non les 483 000 Roms non recensés par les préfectures sus évoquées. Deux conclusions s'imposent :
- Moins de 3,4 % des Roms qui vivent sur le territoire français sont visés par une violence légale qui s'étend aux sans-abri comme aux migrants de toutes les régions du monde réfugiés dans les interstices de nos métropoles. Par conséquent, prétendre que les politiques en vigueur visent une ethnie particulière c'est d'une part s'avérer piètre anthropologue (que de définitions invraisemblables de la catégorie "Rom" en circulation aujourd'hui chez pro comme anti !), mais aussi faire preuve de myopie quant à ce qui effectivement a lieu, à savoir une chasse à celles et ceux qui ne vivent pas dans la normalité urbaine telle qu'aujourd'hui définie.
- Les auteurs de ces paroles et de ces actes consistant à chasser, mépriser les droits les plus fondamentaux, éloigner à coup de pelleteuses ou de dispositifs de dissuasion type cailloux, pics en tout genre ou produits chimiques élaborés ont "des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation" avec les valeurs qui font notre sol commun. Par conséquent, des politiques d'intégration doivent s'inventer pour accueillir ces gens-là dans notre espace commun, parce qu'expulser un Premier Ministre ou tel ou tel Maire coupable de ce genre de crime (non répertorié par le Progrès, mais qui croit encore au progrès ?) n'est pas forcément une solution non plus.
Terrain de la Place de l'Ambassade le 22 avril 2014. Ou comment faire d'un lieu de vie un désert qui n'exaspère plus personne ? |
Alors, il convient de redoubler d'efforts pour faire riposte. Des actes, nous en programmons aujourd'hui même, et nous aurons besoin dans les semaines à venir de celles et ceux qui poursuivent la folle idée que construire des lieux de vie est plus vertueux que faire du territoire un désert. A Ris-Orangis, à Grigny, mais aussi bientôt en Avignon comme à Calais, nous oeuvrons, et redoublerons d'effort ces prochaines semaines : ici comme là, nous aurons besoin de toutes les compétences imaginables, et bien plus encore, pour faire de ces ripostes actives des luttes qui soient des fêtes. Sur le terrain de la Folie à Grigny, des graines ont été plantées, notamment par Joana Zimmermann et Victoria Zorraquin, membres du PEROU qui ont organisé des ateliers de création avec les enfants durant tout l'été dernier. Le résultat : la conception, en collaboration avec l'association Intermèdes Robinson, d'un imagier trilingue, outil festif qui permettra aux enfants de les accompagner sur le chemin de l'école, et de tisser d'autres relations avec leurs camarades de classe. Afin que cet imagier devienne réalité, un appel à contribution est lancé sur le site de financement participatif européen Ulule. Le détail de cet appel, à faire tourner jusqu'à l'ivresse, est ici.
Sur le bidonville de la Folie à Grigny, juillet 2013, atelier de conception de l'imagier "La passerelle". |
Alors, à Paris même, là où sévit l'hostilité dont aucune ethnie n'a le monopole, nous organisons en collaboration avec les Enfants du Canal une riposte par un appel à projets intitulé "Paris de l'hospitalité". En contre-point du Grand Paris hors échelle humaine, comment mobiliser les forces de l'imagination la plus créatrice pour inventer une ville sur la ville qui permette d'en réanimer les fondations républicaines. L'utopie est convoquée, que nous aurons à charge de faire se réaliser. Le détail du programme est présenté sur le site dédié à cette consultation, site dont l'adresse est à faire tourner au delà de l'ivresse, puisque la raison est aujourd'hui sans ressort. Tout reste à faire, mais tout sera fait : par ici.
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