Nécessairement, la situation va se régulariser, et l'école est au bout du chemin. Après le Défenseur des droits, voici Amnesty International qui souligne combien ce qui se passe à Ris-Orangis n'a aucune raison d'être, si l'on considère les droits évidemment, mais les enfants tout autant. La lettre que l'organisation a adressée au Maire est à lire ici.
Tout ceci fut répété, réécrit, ressassé, jusqu'à ce que pointe une fatigue, à moins qu'il ne s'agisse d'une colère : celle de simples citoyens ne comprenant pas comment des gardiens des lois, élus de la République, peuvent à ce point demeurer sourds au texte. Dany ou encore Rebecca intégreront bientôt l'école républicaine qui les attend, comme nous ne cessons de le penser depuis ce 22 décembre où nous avions invités les enfants des écoles voisines dans le bidonville. Voici donc venu le temps des chemins renversés, et de la rencontre scellée.
Et, dernière minute, un sujet dans le journal de 18h de France Culture, à la 5e minute, à écouter ici.
"L'ambassade du PEROU à Ris-Orangis est un repère - un espace visible - et un observatoire - un lieu qui regarde -. Décrire ce qui a lieu dans un bidonville situé sur le territoire européen, telle est l'ambition de ce blog. Exactement, il s'agit de décrire l'humanité qui a lieu, l'humanité qui fait lieu" (décembre 2012). Le 3 avril 2013, tout a été détruit, sauf l'essentiel. A Grigny, où vivent aujourd'hui les familles, nous continuons d'oeuvrer pour que l'on construise enfin.
mardi 12 février 2013
samedi 9 février 2013
Drawing people together
Pendant que le Maire s'embourbe (lire ici), et que la France pourrait par là-même toucher le fond (lire la condamnation de la Hongrie ce 8 février ici), la Place de l'Ambassade entreprend le chemin inverse :
Dans le même temps, les Voeux des mères, collaboration du photographe Jean Larive et du graphiste Yannick Fleury, ont été édités et parviendront cette semaine dans les boîtes aux lettres des élues de la République, de celles qui siègent au Conseil Municipal de Ris-Orangis comme de celles qui siègent à l'Assemblée Nationale ou au Sénat.
A chacun ses voeux : non loin de là, au moment exact où nous tracions au sol l'emprise de notre future petite placette de 5m sur 6m, l'équipe d'architectes Populous, dont le mot d'ordre est "drawing people together", remportait le projet du Grand Stade de Rugby de Ris-Orangis, d'un coût total de 575 millions d'euros. Malgré une économie un brin plus modeste, nous ne désespérons pas de "drawing people together", notamment vendredi à l'occasion de l'inauguration de cette place sur laquelle nos invités surprises pourront clamer des vers, voire exécuter quelques pas de danse...
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Démesure |
vendredi 8 février 2013
Un week-end au PEROU
Les statistiques le prouvent : 3 français sur 4 ne savent pas que faire le week-end. Aux 75% de lecteurs de ce blog, rappelons que demain comme après demain à Ris-Orangis, dès 10h du matin, mille animations vous sont proposées Place de l'Ambassade :
- Evacuer des sacs d'ordures, sous l'enthousiaste patronage de Jean-Pierre.
- Construire une petite place centrale avec de jolis bancs, sous la folle direction de Charlotte.
- Animer un atelier de dessin, sous l'inventive baguette de Loubna.
- Animer un atelier de danse, sous la pétillante poigne d'Emma.
- Partager un déjeuner dans l'Ambassade, sous le bienveillant regard d'Yvette.
Essayer le PEROU le week-end, c'est y revenir en semaine.
PS : Vendredi 15 février après-midi, réservez votre après-midi RTT.
jeudi 7 février 2013
Le visage du peuple que nous formons d'être ensemble
On ment plus qu'il ne faut par manque de fantaisie :
la vérité aussi s'invente.
Antonio Machado, Nuevas canciones XLVI - 1924
Suite à l'atelier proposé mercredi après-midi aux enfants par la plasticienne Joana Zimmermann |
Une centaine de personnes craignant que les rats n'envahissent les rues de Ris-Orangis à cause de la prolifération de Roms sur le bidonville ont obtenu mardi soir l'oreille du Maire, et quelques médias tournant autour de l'affaire ont fait de cela un événement : le Maire, dit-on, a remercié cette courageuse prise de position d'administrés légitimement exaspérés. "On les a enfin trouvés", semble-t-on nous affirmer, ces membres du bon peuple, sincères car non encartés, dont la voix est pure car non "instrumentalisée". Ainsi agit le tract dit "anonyme", retentissant d'une pensée que, manifestement, nulle organisation n'organise. Voici enfin trouvée la parole vraie, presque émouvante, au milieu de ce fatras de professionnels de la politique qui s'insultent par habitude. Et c'est imparable, puisque sans doute incontestable : une centaine de personnes au moins, sur les 28 000 que compte la commune, espère qu'enfin ces hommes-rats débarrassent leur propre plancher. En face, les organisations militantes se révoltent, s'insurgent, s'étranglent. Puissamment organisées, elles ne parviennent néanmoins pas à faire aussi fort que cette poignée d'anonymes. Car la voix de ces organisations ne défraie pas la chronique. Attendue là, leur voix ne porte pas. Ce que l'on veut voir apparaître à Ris-Orangis, au coeur d'une affaire que personne ne sait aborder, c'est le peuple, le spontané, celui qui ne ment pas, celui qui par définition s'avère pétri de bon sens. Quitte à ce que le pire sorte de cette bouche là.
L'action du PEROU n'a peut-être qu'un seul horizon : élaborer des outils afin qu'une bonne partie des 27 900 Rissois silencieux se saisisse enfin de ce qui a lieu, affranchie de la parole massue des partis comme de la parole assassine des misérables sectes. Un Collectif de Rissois Solidaire est né dans l'élan, sur le chantier de l'Ambassade. Il s'est organisé, se réunit tous les lundis à 18h30 dans l'Ambassade, invente un nouveau quotidien, apporte bientôt de l'eau ici-même et ramasse depuis deux mois les ordures ménagères des familles. Ce collectif doit s'étoffer de mille autres citoyens lassés de voir se répéter une non-politique clouant les familles au quotidien misérable qui est généralement le leur. Place de l'Ambassade, les Rissois viendront prendre part à ce qui s'avère effectivement une ville : un lieu d'échange, de solidarité, de construction commune. Ainsi verront-ils les masques tomber de ces Roms qui n'en sont jamais vraiment, et découvriront-ils sous le toit de l'Ambassade, ou sur le sol de la petite place que nous construirons ce week-end, le visage du peuple que nous formons d'être ensemble. Alors, la question pourra-t-elle se reposer autrement : quelle Europe construire, dans la situation économique et sociale qui est la nôtre et qui conduit nombre de nos voisins à vivre dans des bidonvilles, sous des tentes, dans des voitures ou sur le trottoir ? Alors, la question gagnera-t-elle en ampleur, en ambition. Alors, la question que posait mardi cette centaine de personnes réunies dans la Mairie se retrouvera-t-elle frappée de ridicule. Car ces enfants ne sont des rats qu'aux yeux de ceux qui ont la paresse des les ouvrir. Le visage de ces gosses, réinventé par de nouveaux regards se posant sur eux, prendra les traits de nos voisins. Trompé par l'évidence, la centaine d'anonymes se taira alors que parole sera rendue au peuple véritable, celui que nous devenons dans l'acte de construire ensemble.
dimanche 3 février 2013
Grâce à Héraclite
800 000 litres de déchets évacués en un week-end.
1 dos bloqué.
3 poulets engouffrés.
1 prodigieux plat de Toinette partagé.
1 atelier dessin offert aux enfants par Loubna.
1 atelier danse offert aux enfants par Emma.
5 nouvelles toilettes sèches mises en service.
2 bacs à compost construits.
30 pelles prêtées par Bellastock.
3 averses de grêle.
1 soleil resplendissant néanmoins.
50 ami(e)s mobilisé(es).
5 compagnons Emmaüs tout autant mobilisés.
1 journaliste du Parisien ébahi.
D'innombrables rats expulsés.
Ce fut un beau week-end.
Quant à la semaine à venir Place de l'Ambassade :
- Lundi 4 :
10h-12h : permanence
14h : Ecole des femmes donnée par Sophie Triniac ;
18h30-20h : réunion avec le Collectif de rissois solidaires.
- Mardi 5 :
10h-18h : Chantier sol.
- Mercredi 6 :
14h-18h : Atelier de création avec la plasticienne Joana Zimmermann.
(18h30 : apéropérou aux Caves Dupetit Thouars, au 12 rue Dupetit Thouars à Paris 3e).
- Jeudi 7 :
10h-18h : Chantier sol.
18h : Ramassage des ordures ménagères par le Collectif des Rissois solidaires.
- Vendredi 8 :
10h-18h : permanence.
- Samedi 9 :
10-12h : Atelier de danse avec l'innénarable Emma Saunders.
- Dimanche 10 :
18h : Ramassage des ordures ménagères par le Collectif des Rissois Solidaires.
Et une pensée que nous envoie Héraclite qui veille sur le PEROU :
"Sans l'espérance, on ne trouvera pas l'inespéré".
Place de l'Ambassade, 3 février |
samedi 2 février 2013
L'apaisement
Jeudi dernier, il y eut tout un chapitre au Conseil Municipal de Ris-Orangis consacré à la dite "question Rom". Saisi de la chose par une question écrite, le Maire a rappelé qu'une Commune ne pouvait seule répondre à la situation, parole sage ô combien, mais parfaitement inutile étant donné qu'il ne se trouve pas une seule âme ici-bas pour prétendre le contraire. Le Maire a en outre insisté sur sa volonté que l'apaisement gagne enfin les esprits, parole ô combien nécessaire tant les deux tracts distribués sur les marchés de Ris-Orangis ce samedi matin rendent compte de la perte de sang froid de quelques uns (lire plus bas les deux grands morceaux de poésie en question). La controverse ainsi nourrie n'a que faire de ce qui effectivement a lieu. Elle se poursuit hors sol, à l'endroit où se livrent les misérables joutes partisanes, comme à l'endroit, souvent concomitant, où pullulent les fantasmes dont la publication reste, dans la République qui est la nôtre, passible de poursuites en pénal.
Alors, il est tout à fait dommageable que ces excités là, que le Maire désignait donc jeudi comme les ennemis de toute espèce de réponse sereine et apaisée, ne se soient pas déplacés jusqu'au coeur du dit "problème" après le marché. Place de l'Ambassade, ceux qui s'alarment légitimement de la présence des rats auraient, avec jubilation sans doute, décompté un à un les cadavres de rongeurs paniqués par les coups de pelles et de pioches donnés par notre armée d'une trentaine de valeureux nettoyeurs du dimanche, compagnons d'Emmaüs de Longjumeau y compris. Emportés par l'énergie et l'enthousiasme de cette équipée, et stupéfaits sans doute par la détermination des femmes du bidonville à lui prêter main forte - quel numéro de Radika et Eugénia ce matin, les deux anciennes du bidonvilles, les pieds tant et si bien plantés au beau milieu de la montagne de déchets, qu'elles la firent vaciller ! -, ils auraient nécessairement pris part à l'opération hors norme : en une journée, 500 sacs de 100 litres, soit 50 000 litres de merdes en tout genre évacués. Cerise, ils auraient partagé le couvert dans l'enceinte de l'Ambassade, et goûté ainsi à l'incroyable cuisine de Toinette. Il est fort à parier qu'ils seraient revenus demain, dès 10h, pour en remettre une couche dans la joie et la bonne humeur.
Dans l'effort, ces acharnés de la "solution" par la pelleteuse auraient eu le loisir de discuter avec les uns et les autres, et de comprendre que personne ici-même ne rêve de voir le bidonville se pérenniser, ce à quoi contribue précisément la pelleteuse qui ne fait que se reproduire telle situation, quelques mètres plus loin il est vrai. Ils auraient appris qu'ici-même nous pouvons mobiliser enfin tous les acteurs publics, bien au delà de la seule Mairie, pour faire la démonstration qu'une sortie du bidonville par le haut est envisageable : le Conseil Général en a fait le voeu par lettre écrite au Préfet lundi dernier ; le Ministère de l'Egalité des territoires et du logement, par l'entremise du PUCA, s'est engagé à prendre part au chantier par sa décision en date du 12 décembre 2012 ; la Délégation Interministérielle à l'Hébergement et à l'Accès au Logement s'est dite déterminée à s'engager dans le processus lors de notre réunion en date du 21 décembre ; lors d'une conversation téléphonique en date du 26 janvier que nous avons eu avec lui, le député Thierry Mandon s'est dit tout à fait favorable à la réunion de l'ensemble des acteurs concernés autour d'une table pour enfin travailler ; il n'est aujourd'hui que le Maire pour refuser de ne plus être seul face à la question, alors que lors de notre rendez-vous en date du 25 janvier il avait fait part de son désir d'entrer en projet avec le PEROU. Ces excités qui ne l'auraient donc plus été en apprenant tout ceci auraient définitivement compris qu'ici-même nous prenons soin de l'espace, et ainsi des personnes dont on parle beaucoup mais auxquelles on a pris l'habitude de ne pas parler. Ainsi, auraient-ils saisi que ces citoyens européens rêvent d'habiter avec nous, et avec eux par là même, dans la sérénité et l'apaisement.
Radika et Eugénia à l'oeuvre |
L'oeuvre de Rodika et Eugénia, et de quelques autres... |
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