mercredi 25 juin 2014

Tisser ! (un appel)


Aujourd'hui : 

Terrain nettoyé. Chasse au déchet avec les gosses. 20 sacs de 100 litres gavés. Soleil couchant sur la Folie. Sa quiétude magnifiée.

20h30 : rassemblement des familles. Ordre du jour : se constituer enfin en association. Lecture des statuts de "L'association de la Folie en Essonne". Débats. Enthousiasme. Détermination. Emancipation en actes ; arrachement progressif aux stratégies d'infantilisation et de manipulation ; mépris des paroles et des actes infligeant à ces prétendus "Roms" une identité de misère. Frantz Fanon : "Comment guérir le colonisé de son aliénation ?".  La Folie comme réponse ?

Etat des lieux des situations, décompte à revers des récits médiatico-ministériels, de la fable selon laquelle leur "vocation" serait "en contradiction avec la nôtre" : 80 adultes domiciliés sur 110 ; une vingtaine de contrats de travail signés dont les deux tiers en CDI ; une cinquantaine de personnes inscrites à Pôle Emploi, une vingtaine à des cours de français, une cinquantaine bénéficiant d'une couverture maladie ; 50 enfants scolarisés sur les 60 en âge de l'être ; 1 mouvement irréversible d'inscription dans le cours de notre histoire commune. Tissage, métissage.


Terrain de la Folie, Grigny, 26 juin, 20h00


Hier : 

Forces de police, actions d'intimidation : au petit matin, passage en trombe, l'annonce de l'imminence du désastre. Sale boulot, le terrain souillé. Pauvre boulot, les familles riches de désir et de détermination : "Vous cassez ? Nous reconstruirons !". Boulot insensé. Misérable coup de canif sur le tissu. Cicatrisation.

Décompte finalisé du coût d'une expulsion, au CRS près. Absurdité chiffrée : 328 965 euros, modique somme foutue en l'air par la collectivité, juste pour rien, sinon le spectacle d'une féroce impuissance. Une idée, née de la Folie : ouvrir une billetterie pour le prochain spectacle, inviter tous les Grignois à prendre place et admirer, financer ainsi l'association des familles.

Mairie aux abois. Qui persiste, annonçant l'expulsion prochaine : dans deux semaines, à epsilon près. Mépris des grandes valeurs d'humanisme dont elle se drape dans communiqués emportés (voir ici notamment, où l'on se réclame bruyamment de la gauche, de la justice sociale, de la morale en un mot). Déroute faite politique ; masque sans vie de la raison. Abandon, démission, aveuglement. Ici, on ne fait plus de politique. Lambeaux. Qu'il nous faut ramasser, pour tisser de nouveau.


Coût de l'expulsion de la "Place de l'Ambassade" à Ris-Orangis. Ruben Salvador


Demain : 

Ouverture de la résidence du PEROU à Stalker / Laboratorio arti civiche. Grand honneur s'il en est : voici nos grands frères, ceux qui en 1990 affichaient un manifeste qui au PEROU vaut texte constitutionnel (à lire et relire ici). Grand bonheur s'il en est, rapport à tant d'actions partagées : traversées d'Istanbul, occupations à Rome, virées sur le Canal Saint-Martin. Demain Jeudi 26 juin à 16h, Stalker marchera sur la Folie, et c'est pas rien.

Tisser et coudre tout ce qui peut se tisser et se coudre, tel est le programme des cinq jours à venir. Leurs vêtements, nos vêtements : armés de fil et de machines à coudre, construire un vêtement géant, vêtir la Folie. En réponse à ce qui se déchire, contre tout ce qui s'acharne à détruire. Grande voile pour s'installer dessous, ou pour s'en aller un peu plus loin, comme on se moque.

"Se faire une toile". Sous la protection de l'oeuvre de Stalker, dans son antre : un cinéma. Le Cinéma de la Folie. Des films à la folie : festival en cours de programmation, tout l'été sous les étoiles, la pelleteuse au garage. De la lumière, contre ce qui commande que tout soit mort.


Nota Bene : Que le monde entier rejoigne dès demain la Folie, que chacun offre un peu de son art de tisser à notre ouvrage ! Que chacune des journées à venir resplendisse ainsi de joie, contre l'ignominie et la désolation qui menacent.





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