dimanche 28 avril 2013

Fécondations


Le 25 mars dernier, dans l'Ambassade, nous présentions les plans dessinés par les étudiants de l'Ecole Nationale d'Architecture de Bretagne, comme en atteste le billet publié le soir même à lire ici. Ces étudiants étaient guidés par l'architecte et professeur Cyrille Hannape animant un cours intitulé "Construire au temps des dérèglements". Ce 25 mars était présenté le fruit d'une réflexion entamée par cette équipe sur l'action conduite par le PEROU, et sur la manière d'apporter sa pierre à l'édifice de la lutte constructive engagée avec les familles vivant ici et maintenant, au temps des dérèglements politiques que nous connaissons. Durant plusieurs semaines, en collaboration avec les habitants de la Place de l'Ambassade, les étudiants ont affiné leur dessin, soumis plusieurs propositions lors des réunions du lundi soir, puis présenté deux projets : un ensemble sanitaire, regroupant des douches d'une part, et un lavoir d'autre part ; un ensemble polyvalent, dédié particulièrement au petit bricolage.

Salle polyvalente, Viry-Châtillon, 27 avril


Salle polyvalente, Viry-Châtillon, 27 avril

Le 3 avril à Ris-Orangis, tout était balayé par l'aveuglement et les pelleteuses, sauf l'histoire que nous avons construite, sauf la conviction qu'il nous faut poursuivre la lutte par le "faire ensemble", et en transmettre les méthodes comme la portée. Alors, pendant que le PEROU et les riverains s'attelaient à accompagner les familles dans l'épreuve, les étudiants de l'école d'architecture cherchaient un nouveau terrain d'expérimentation pour un chantier qui était programmé pour la semaine du 22 au 26 avril. Des habitants de la Place de l'Ambassade ont conduit Cyrille Hannape à deux pas de là, à Viry-Châtillon, dans le bidonville dit "Du Bellay", du nom de l'avenue qu'il jouxte. L'accueil a été plus que chaleureux, et le désir de construire s'est propagé en une seule réunion. La Communauté d'Agglomération des Lacs de l'Essonne, éveillée par ce désir, a non seulement suivi le projet avec bienveillance, mais en a accompagné le chantier au point de creuser le raccordement du bloc sanitaire au tout-à-l'égout. La vingtaine d'étudiants a non seulement fait un travail remarquable, mais a qui plus est vécu une semaine de pur plaisir.


Sanitaires : douches et lavoir, Viry-Châtillon, 27 avril

Lavoir, Viry-Châtillon, 27 avril

Le PEROU n'a malheureusement pas pu accompagner ce geste, pris que nous étions dans le tumulte de ce qui fut détruit par ailleurs. Néanmoins, nous ne pouvons que constater la vertu de ce qui fut mis en oeuvre à Viry-Châtillon, et croire en sa portée. Construire ici-même, dans l'enclave sujette de loin à tous les fantasmes les plus assassins, a conduit à ce que se noue le raccordement du bidonville à la ville via le conduit d'évacuation des eaux usées. Dans le prolongement de ce renversement des représentations, la salle polyvalente, nouvelle ambassade par définition, devra permettre que par le positif se nouent de nouvelles relations avec la ville : gageons que les riverains, les élus, les lointains voyageurs se retrouveront l'espace d'un instant ici-même et se re-présentent à nouveaux frais ce qui a effectivement lieu, pour mieux y répondre ; gageons qu'à Viry-Châtillon advienne ce qu'il est nécessaire qu'il advienne, à savoir l'humanité qui fait lieu et cimente le bidonville à la ville au point de les faire se confondre, de les faire se féconder. Les images ici publiées témoignent de la qualité que la déraison de construire peut engendrer.


Les oeuvriers
Les oeuvriers 

Dans le même temps, à Marseille, notre compagnon de route Laurent Malone, photographe et néanmoins bâtisseur avec le PEROU, a conduit un travail vertigineux au plus près des visages de Roms mille fois chassés de nos villes. Intitulé Le Silence, d'une épure et d'une beauté saisissantes, ce travail est exposé à Marseille jusqu'au 12 mai, au Palais de la Bourse. Voir l'extrait ci-dessous, à savoir l'un des 80 portraits réalisés, et la critique de ce travail sur le site de la revue Mouvement ici.





Dans le même mouvement, la revue Cassandre, sous la plume de Valérie de Saint-Do, publie ces jours-ci un article consacré au travail du PEROU intitulé "Trouveurs d'or du Perou". La présentation du numéro est à lire ici, et l'article en question se trouve ci-dessous.








1 commentaire:

  1. Que ces images contrastent avec celles que vous avez publié Vendredi!
    Est-il besoin de dire que construire vaut mieux que démolir?
    Mais, comme vous le dites, l'histoire que vous avez construite est indestructible.

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