"L'École est le berceau de la République", clamait l'un des derniers premiers ministres socialistes français.
Demain, les quatorze enfants du bidonville non encore scolarisés le seront. Un membre du cabinet du Maire est passé aujourd'hui dimanche l'annoncer aux familles, et répondre enfin à nos inquiétudes, en les confirmant : c'est bien une salle communale qui accueillera les bambins demain, à bonne distance du berceau républicain...
PS : Demain à 8h, le Collectif des Rissois accompagnera les enfants jusqu'à cette école de seconde zone pour constater les dégâts, et s'emploiera ensuite à agiter tout ce qu'il peut pour, enfin, trouver le chemin de l'école.
PS 2 : Ci-dessous, retranscription de la lettre qu'un Rissois a envoyée ce matin à son Maire en réponse à son tract, de telle sorte à ce que ce dernier entende effectivement "ses préoccupations et sa colère".
Monsieur Stéphane RAFFALLI
Maire de Ris Orangis
Place du Général de Gaulle
91130 RIS ORANGIS
Ris Orangis le 20 janvier 2013
Monsieur le Maire,
En main votre lettre datée du 18 janvier 2013 et adressée à vos administrés dont je fais partie (copie jointe.)
Je suis scandalisé tant par son contenu que par son ton. Vous n’y allez pas de main morte. En deux lignes vous commencez par stigmatiser une population avec une violence inouïe qui me rappelle l’ère Sarkozy contre laquelle je me suis mobilisé lors des trois dernières élections en votant pour les candidats du Parti Socialiste aux différents seconds tours de ces élections pour faire barrage à la droite avec l’espoir que cela amène au moins un petit changement.
Mais non rien de cela ! Au contraire, votre lettre démontre la violence de votre pensée et de vos intentions. Des Roms s’installent illégalement sur des terrains, c’est un fait, je l’admets mais ce que je n’admets pas c’est l’idée qu’ils soient la source de désordres publics et de menace pour la population tellement graves qu’il y a urgence à s’en débarrasser. Pourtant c’est cette idée que vous avez affirmée « dès les premiers instants » dites-vous et que vous maintenez avec force et détermination encore aujourd’hui et ce dès les deux premières lignes de votre lettre. Cette stigmatisation et votre discours sont nauséabonds, ils datent d’un autre temps, celui où le pouvoir dressait le peuple contre le peuple. J’ai voté contre ça aux dernières élections mais bien que vous soyez un camarade de ceux pour qui j’ai voté, vous le faites quand même. C’est odieux, c’est inacceptable.
Par ailleurs, comment pouvez-vous affirmer en parlant de solidarité dans ce même courrier que « face à de telles difficultés force est de constater que l’échelle communale n’est pas appropriée pour les traiter » alors même que vous affirmez dans la phrase précédente que dès les premiers instants vous avez mobilisé les forces publiques pour faire respecter l’ordre et la tranquillité ? Pour pouvoir dire « force est de constater » il faut avoir essayé, on ne constate un résultat qu’après avoir essayé une solution. Or, avez-vous seulement essayé de penser à une autre solution que la destruction du campement, à la solidarité par exemple ? Non puisque vous affirmez d’emblée que « dès les premiers instants » votre pensée a été de vous débarrasser de ces familles Roms. C’est donc un mensonge et votre esprit solidaire n’existe pas, cela je peux le constater grâce à votre lettre.
Après cela comment osez-vous poursuivre votre courrier en parlant de cohésion sociale et de respect du droit que vous bafouez en ayant refusé de scolariser ces enfants Roms et en faisant trainer les choses maintenant que vous vous êtes rendu compte que la loi est pour eux et contre vous ? Comment pouvez-vous parler de cohésion sociale, de respect du droit des enfants quand votre unique intention, dès les premiers jours, est de les jeter dans une misère encore plus grande ? Comment osez-vous parler de responsabilité face à une insalubrité et une dangerosité alors que vous en êtes en partie la cause en interdisant le ramassage des ordures ménagères du campement ? En faisant cela vous saviez que vous aurez le bon prétexte pour accomplir votre sale besogne.
Oui, je dis sale besogne car tout est sale dans vos idées et vos intentions vis-à-vis de ces Roms, votre lettre en est la preuve la plus éclatante jusqu’à sa conclusion. Comment osez-vous me dire que je suis en colère contre l’installation de ces Roms ? Car c’est bien de cette colère là dont vous parlez compte tenu de ce qui précède dans votre lettre. Comment osez-vous penser à ma place !? Dans quel régime vivez-vous ? Quel régime voulez-vous m’imposer ? Vous insultez mon intelligence, vous êtes odieux à l’extrême !
Si vous voulez répondre à mes préoccupations et à ma colère face à ce problème, entendez les pour ce qu’elles sont réellement et que vous devinez je l’espère à travers cette réponse à votre lettre et alors joignez vos forces avec le département et la région puisque le Parti Socialiste est à leur tête jusqu’à l’Etat pour faire preuve de solidarité et mettre en œuvre des solutions humaines pour ce campement. Vous avez cette chance que jamais le Parti Socialiste n’a eu de pouvoir véritablement changer les choses et de nous faire oublier l’ère Sarkozy, son racisme, sa xénophobie, son mépris du peuple puisque le parti socialiste contrôle même les deux Assemblées. Cessez de me mentir, de mentir aux Rissois. Cessez ce ton guerrier contre un peuple qui, je vous le rappelle, fait partie du peuple Européen et de l’Union Européenne au même titre que les Français.
Interrogez-vous plutôt sur les raisons pour lesquels la Roumanie et la Bulgarie font exception en termes de mobilité de leurs ressortissants qui ne bénéficient pas de la liberté de circulation comme les autres membres de l’Union Européenne alors que les entreprises françaises peuvent y délocaliser leur production pour bénéficier d’une main d’œuvre à bon compte. Interrogez-vous plutôt sur l’organisation intolérable de cette pauvreté et ayez le courage de l’affronter avec tous vos camarades du Parti Socialiste plutôt que de la pérenniser avec force comme vous le faites à travers votre lettre et avec une « totale détermination » comme vous le dites dans votre formule de politesse finale, faisant passer par là de la lâcheté pour du courage. Aidez les associations qui ont en charge l’aide aux personnes du campement de Ris Orangis. Sans en être, je sais qu’elles existent et je soutiens leurs actions. Vous les connaissez, vous savez qui elles sont et où elles sont, vous savez qui sont leurs responsables vous pouvez discuter avec eux.
Alors vous répondrez efficacement à ma colère et à mes préoccupations.
Veuillez croire, Monsieur le Maire, en mon espoir d’avoir un jour de meilleurs sentiments à votre égard.
Jean-Marc FIORESE
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