jeudi 27 décembre 2012

Aux Rissois responsables


Lors du seul entretien qu'ait daigné m'accorder le cabinet du Maire de Ris-Orangis - le mercredi 19 décembre exactement -, on m'a fait valoir que le peuple rissois, comme un seul homme, s'indignait de la présence de ces indésirables que sont les Roms. Florilège : "Des pétitions nous parviennent par dizaines !". "Tous les jours, nous recevons des appels de Rissois qui paient leurs impôts et hurlent leur colère". "Régulièrement, des riverains nous alarment de vols commis par ces populations".

Dans le monde qui est le nôtre, les élus tirent de ces témoignages intempestifs la justification d'une politique de harcèlement policier, d'expulsion des personnes et de destruction de leurs établissements. La main sur le coeur, ils s'affirment commandés par ces revendications légitimes d'un bon peuple excédé. Ainsi cultivent-ils une invraisemblable éthique de l'irresponsabilité : "Quel que soit notre sentiment profond sur le sujet, semblent-ils affirmer, nous ne pouvons faire autrement que terroriser ces populations que nos administrés jugent parasitaires".

Dans un monde où les élus demeureraient républicains, ceux-ci s'empresseraient d'engager des poursuites contre les pétitionnaires d'incitations à la haine raciale ou contre les vociférateurs de propos diffamatoires contre des populations marginalisées. Dans ce monde là, les élus s'empresseraient de défiler, écharpe tricolore en bandoulière et légion d'honneur au revers du veston, pour revendiquer leur attachement aux valeurs de la République. Dans ce monde là, ils adresseraient à leurs administrés le texte intégral de la Charte des droits fondamentaux de l'Union Européenne, et leur rappelleraient ainsi les principes qui s'imposent à tous les peuples réunis dans cette construction politique d'avenir. Dans ce monde là, ils donneraient à leur fonction d'élu de la République le lustre qu'elle a manifestement cessé d'avoir : celle de gardien des lois commandée par une inoxydable éthique de responsabilité.

Heureusement, les élus mentent. A Ris-Orangis comme ailleurs, d'innombrables citoyens n'exigent pas que soient piétinés les principes fondamentaux, ni que soient maltraitées une fois de plus des populations dans la détresse. A Ris-Orangis comme ailleurs, la proportion des pétitionnaires et vociférateurs est dérisoire, bien que leurs manifestations bruyantes gênent la tranquillité de tout le voisinage. A Ris-Orangis comme ailleurs, des femmes et des hommes sont alarmés par le renoncement politique de leurs élus, et accablés par le traitement réservé à leurs concitoyens européens. Alors, certains parmi ces administrés qui paient pourtant bien leurs impôts s'organisent et assurent un véritable service public de substitution : toutes les 48h à compter d'aujourd'hui 18h, ces Rissois manifestement non comptabilisés par la Mairie ramasseront les ordures ménagères des familles vivant dans le bidonville et les conduiront dans les décharges environnantes. Ainsi poursuivront-ils le travail entrepris depuis des semaines, et contriburont-ils à ce que la situation sanitaire s'améliore. Ainsi feront-ils honneur à la fonction qu'ils ne croient pas être la leur : celle de responsable politique.


NB : Pour étoffer les rangs de ces justes Rissois, adresser un email à contact@perou-paris.org
NB 2 : Le chantier des toilettes sèches reprend également, et nous le poursuivons jusqu'à construire la vingtaine de toilettes nécessaires sur le site pour répondre, dans une dynamique constructive, à la question sanitaire.


Entretien des toilettes sèches. Scénario placardé dans les toilettes.
Dessin : Célia David-Mauduit. Traduction : Maela Plougastel

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